Plongée dans l’e-commerce Ultramarin
Pour cet épisode, nous mettons en lumière les initiatives e-commerce en Outre-mer.
Ces entrepreneurs ultramarins ont su tirer parti des opportunités du digital pour développer des solutions adaptées à des marchés spécifiques et souvent sous-exploités.
Évolution et perspectives de l’e-commerce pour les Antillais
Avec des témoignages riches en enseignements, nos invités partagent les défis qu’ils ont surmontés, les innovations qu’ils ont apportées et les perspectives d’avenir pour leurs entreprises.
Nous avons l’honneur d’accueillir trois entrepreneurs dynamiques et inspirants :
- Louis-Arthur GERMON, directeur général de la société Amarena, opérant le service Dommarket.fr
- Maïré BAVARDAY-ROSA, fondatrice de la plateforme ecomSpaces, en direct d’Atlanta, USA.
- Julien BELLEMARE, cofondateur de la plateforme Catalog, par téléphone.
Julien BELLEMARE | Cofondateur de la plateforme Catalog
Comment a été créée la plateforme d’e-commerce Catalog ?
“Catalog a été créé il y a environ deux ans. C’est un outil à destination des PME qui vendent leurs produits en B2B, qui a l ‘objectif de leur permettre de vendre plus et de réduire le temps qui passe à traiter chacune des commandes. “
Qu’est ce qu’une vente B2B ?
“Le B2B, c’est le fait de vendre des produits à des professionnels. Par exemple, je fabrique des oreillers et je vends cet oreiller à une boutique. Ça, c’est une vente B2B qui s’oppose à la vente B2C, qui est je fabrique un oreiller et je vais le vendre directement à un particulier. De notre côté, on équipe exclusivement la vente B2B, donc je vends cet oreiller à une boutique.
Il y a un acteur qui est très important à l’international aujourd’hui, pour équiper cette vente B2C, c’est Shopify, qui est une très très grosse société mondialement connue.”
Quelles sont les perspectives de développement que vous envisagez pour votre plateforme e-commerce Catalog ?
“La première année de l’entreprise était quasi exclusivement centrée sur réussir à comprendre très précisément la réalité opérationnelle des sociétés qu’on souhaite équiper. Cela sert à éviter un risque qui est assez fréquent, qui est de construire quelque chose qui a été pensé dans des bureaux mais qui ne correspond pas au terrain.
L’année suivante, nous avons réalisé une levée de fond. Nous avons discuté avec 300 entreprises pour essayer de comprendre comment ça se passe, comment ils font.
Nous avons donc utilisé ce que nous avons entendu pour développer cette première version de la solution. On a mis cette solution dans les mains d’une première liste de clients qui, pour le coup, nous ont fait des retours qui étaient très positifs et donc nous avons fait cette levée de fonds.
La première raison était pour continuer de développer la solution, puisqu’il y a toute une série de fonctionnalités qu’on a très envie de rajouter. Et la deuxième, c’est une accélération importante de la commercialisation de la solution, puisqu’aujourd’hui, on s’était centré sur le test vers un nombre limité de sociétés. Maintenant, nous souhaitons agrandir le portefeuille clients. Pour l’année 2024, on va se concentrer sur principalement la France.”
En tant qu’entrepreneur, quels sont les défis auxquels vous faites face au quotidien ?
“La première chose qui est vraiment difficile c’est à quel point on peut passer d’un moment hyper agréable à un moment désagréable, au sein d’une même journée.
Il faut réussir à trouver son rythme, traverser un peu ces up and down. Je pense que ça fait partie du quotidien de toute personne qui crée sa société.
Ensuite, il faut toucher un peu à tout. J’ai dû apprendre sur le terrain et avec l’objectif de vite monter en compétence.
Et la deuxième chose, et qui est parfois un peu frustrant quand on peut avoir des habitudes un peu perfectionnistes, c’est que le meilleur peut être l’ennemi du bien.
C’est-à-dire qu’il faut vite tester des choses plutôt que de s ‘enfermer pendant six mois et d’essayer de sortir le truc parfait sans avoir forcément de retour des utilisateurs, de retour du marché.”
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Comment utilisez-vous l’IA pour votre plateforme e-commerce Catalog ?
“Aujourd’hui, nous utilisons l’IA pour automatiser. Dans notre entreprise, nous recevons beaucoup de commandes par e-mails. L’IA va détecter dans le corps de l’e-mail ou dans la pièce jointe, les éléments de la commande pour créer une commande automatique.
Cela va permettre aux équipes de recopier les éléments et de valider ensuite. Ils vont pouvoir se concentrer sur des tâches à valeur ajoutée que seul un humain peut faire, comme l’accompagnement du client.”
Louis-Arthur GERMON | Directeur général de la société Amarena, opérant le service Dommarket.fr
Quel est le rôle de la plateforme e-commerce Dommarket.fr ?
“Dommarket.com est une place de marché, qui permet à des vendeurs et des acheteurs de rentrer en relation. Cette marketplace a comme objectif de mettre en relation des vendeurs de l’Hexagone et des consommateurs ultramarins.
Si on se place du point de vue des consommateurs, les particuliers peuvent acheter des produits en ligne et se faire livrer en Martinique et plus largement dans l’Outre-mer. “
En quoi votre solution d’e-commerce est innovante ?
“Notre objectif est de simplifier au maximum le parcours client. Le consommateur utilise qu’une seule interface, en présentant le prix définitif du produit rendu sur place. Donc plus de mauvaises surprises à la douane ou plus d’attendre d’avoir une quotation de la part de la société d’expédition pour avoir le coût de la logistique.”
Quels arguments adressez-vous aux marchands en France ou en Europe pour les convaincre de travailler avec vous ?
“Nous sélectionnons d’abord les plus gros marchands dans leur secteur. Nous sommes une marketplace généraliste, on vend tout type de produits. Et sur chacun des secteurs, on va voir le plus gros acteur parce que notre objectif est de pouvoir vendre au plus faible prix.
Nous choisissions le plus gros acteur avec le plus gros volume d’achat. Et du coup, les prix de vente le plus intéressant possible.
Notre argument, c’est de leur dire, on vous propose simplement un marché de plus de 2 millions d’habitants : Martinique, Guadeloupe, Guyane, et La Réunion. Pour un marchand, c’est aussi simple pour lui de vendre sur une marketplace que de vendre sur Amazon, par exemple.
Il y a des process logistiques particuliers pour l’Outremer et donc nous gérons cette partie.”
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Comment arrivez-vous à proposer des tarifs qui incluent la douane pour l’Outremer ?
“Avant je travaillais dans la finance des marchés et j’ai appliqué la même méthodologie de calcul algorithmique que j’ai appliquée en finance à la plateforme Dommarket.
Donc le but c’était de développer un algorithme de pricing, donc une formule mathématique qui me permet de définir le plus proche possible un prix rendu sur place de TTC en prenant en compte tous les facteurs externes, donc le volume du produit, le coût du pétrole, les taxes à l’importation, enfin l ‘octro de mer et les aléas aussi qui peuvent y avoir.
Et en fait, c’est cet algorithme qu’on améliore en permanence. Avec l’IA, il y a des modèles d’amélioration en continu qui nous permettent justement d’affiner notre prix en permanence.
En fait, on récupère toutes les informations qu’on peut trouver, de la part du vendeur, de la part du marché, de la part des douanes, etc. Et à partir de ça, on compile un prix TTC.
Et notre promesse, c’est que ce que le client paye au moment de l’achat du produit, ça n’évoluera pas. Et s’il y a une évolution, en fait, ce qui se passe vraiment derrière, si demain il y a un cours de pétrole qui explose, c ‘est Dommarket qui prend en charge justement le différentiel.”
Est-ce que vous arrivez à proposer, une promesse de renvoi d’articles et de remboursement ?
“Le marchand est obligé légalement de renvoyer le bon produit au client ou de le rembourser. Cette notion de retour est importante pour le consommateur. Si j’ai reçu le mauvais colis, je veux pouvoir avoir le produit que j’ai commandé.
C’est un non-sens écologique, mais aussi économique de renvoyer le produit en Hexagone. Du coup, on a un partenariat avec une société de braderie, qui nous rachète les produits.
Par contre, la braderie les vend moins cher que sur la plateforme pour ne pas rentrer en concurrence avec la plateforme. “
Maïré BAVARDAY-ROSA | Fondatrice de la plateforme ecomSpaces
Qu’est-ce que la plateforme e-commerce ecomSpaces ?
“Nous proposons un accompagnement des espaces de travail et de création de contenu et de services logistiques, le tout sous le même toit.
Donc on a un bâtiment avec tout ceci et on aide les fondateurs de marque en ligne à gérer et faire grossir leurs boutiques en ligne. Donc en gros, on a un grand espace avec un entrepôt, on fait les envois des commandes, on a aussi des studios de création de contenu.
On a un petit espace où les gens peuvent acheter des produits. On fait aussi du pick and collect. Tout ce qui est e-commerce, on le propose sous le même toit.”
Quelles sont les difficultés majeures auxquelles vous avez été confrontée ?
“Je n’ai pas de background en logistique. Donc arriver en tant que femme dans ce domaine déjà à la base même avec les études c’est déjà compliqué parce que c ‘est une industrie qui est dominante hommes et dominante blanche.
Pour moi cela n’a jamais été un obstacle, ça a toujours été moyen de me challenger et de montrer que oui c’est possible en tant que noire mais aussi en tant que femme et aussi en tant qu’immigrante parce que mon anglais n’était pas parfait à l’époque. Malgré tout ça, j’ai pu monter une compagnie qui est très compétitive et qui était la première compagnie à faire ce qu’on fait ici et jusqu ‘à maintenant.”
Vous avez été lauréate du deuxième prix soit 250 000 dollars quand même du concours Black Ambition porté par l’artiste et producteur renommé Pharrell Williams. Que représente pour vous cette distinction ?
“Ça représentait énormément pour nous, donc pas seulement pour moi, mais aussi pour tous mes employés sur place et ceux qui sont aussi en Guadeloupe et en France. Pour toutes les années de travail qu ‘on a mis sur ecomSpaces, c’était vraiment pour nous la reconnaissance de tout ce travail.
C’était la première fois que je pitchais. C’était vraiment incroyable. Personne ne pensait qu’on aurait pu arriver au stade de pitcher. Plus de 3000 personnes se sont inscrites.
Ils ont sélectionné 250 personnes. Ensuite, on a été dans les 50 finalistes, puis les 35 finalistes, puis les 8 finalistes, et puis on a terminé deuxième.
J’avais très peur de pitcher devant beaucoup de personnes, c’était à New York. Donc c’était vraiment une façon pour moi de reconnaître que finalement on a monté quelque chose qui est vraiment, vraiment attrayant.
Les gens trouvent vraiment le concept innovant et utile et on a un impact important sur tous ces e-commerce business et cela a été reconnu.”
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