Les transformations numériques : quel impact sur la qualité de vie au travail ?
Avec l’accélération des transformations numériques dans le monde du travail, en particulier grâce à l’intelligence artificielle (IA), il est essentiel de comprendre leur impact sur la qualité de vie au travail.
Lors de l’émission Mercredis Connectés sur RCI, Katleen Bilas Coppet, Manuel Mondésir, directeur d’awitec et ses invités ont abordé ce sujet crucial.
À travers les interventions d’Éric NOUVEL, directeur de l’ARACT Martinique, et de Michel CORIDON, président du groupe MCH DOM, les enjeux de la digitalisation dans les entreprises ont été décryptés.
Comment cette transition digitale impacte-t-elle la qualité de vie au travail ?
Quelles solutions offrent les outils numériques en matière de gestion des ressources humaines ?
Éric NOUVEL | Directeur Régional de l’ARACT Martinique
,Quelle est la mission de l’ARACT ?
“L’ARACT est donc à la fois un organisme paritaire (organisations syndicales et organisations patronales), et un accompagnant aux entreprises.
Nous anticipons les problématiques, particulièrement dans le cadre de la qualité de vie et des conditions de travail, avec un socle commun qui est notamment le dialogue social.”
Les avancées technologiques sont-elles perçues différemment pour un dirigeant ou pour un salarié ?
“Cela dépend de la manière dont l’employeur parle du sujet. Et donc cela va dépendre du dialogue social, de cette capacité à construire une solution, de ne pas rester que sur la partie technologique, mais de voir l’usage qu’on va en faire. “
Comment se faire accompagner pour la transformation digitale de son entreprise ?
“Notre rôle, c’est de faciliter la mise en discussion des nouvelles technologies, comme l’IA, auprès des entreprises. À la fois, avec des ateliers, des groupes de discussions entre pairs pour aborder les choses.
Puis, nous avons un rôle de facilitateur, pour faire que cette discussion soit bien prise en compte et que tous les enjeux soient bien là et pas uniquement des enjeux technologiques, des enjeux financiers. «
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La transition numérique est-elle globalement vue comme une façon de progresser et d’améliorer les conditions de travail ?
“Encore une fois, cela va dépendre de la qualité du dialogue social habituel dans la structure. Les gens qui ont l’habitude de discuter des transformations, n’auront pas de peur de cette transition.
Et si à l’inverse, le dialogue social est mauvais, là, il risque d’avoir une réticence.”
Avec l’avènement des technologies, est-ce que les salariés sont inquiets de potentiellement perdre leurs emplois ?
“Bien sûr, ce sont des sujets qui inquiètent. Mais en Martinique, on reste quand même dans un contexte particulier : vieillissement de la population, baisse de la population…
On manque de main d’œuvre et encore plus de compétences. Et donc, si c’est pour remplacer un emploi “basique”, mais qui permet derrière de faire un emploi avec plus de richesse, avec du sens, c’est positif.
La population active qui est de 180 000 va être dans quelques années à 100 000. Donc l’inquiétude de perte d’emploi n’est pas le sujet le plus important.”
Michel CORIDON | Président du groupe MCH DOM
Qu’est-ce que le groupe MCH DOM ?
“MCH DOM est un groupe qui travaille dans les ressources humaines avec plusieurs structures.
Une structure qui s’appelle HellaPaye avec quatre pôles, un pôle d’externalisation de la paie, un pôle RH où on accompagne en matière de RH un certain nombre de d’entreprises, un pôle SRH où nous vendons des solutions d’information en matière de ressources humaines et un pôle formation RH de façon à former le maximum de personnes en RH.
Une deuxième structure qui s’appelle logique intérim qui fait du recrutement et de l’intérim.
Nous avons deux autres filiales : une en métropole et une au Sénégal.
Comment utilisez-vous le digital dans votre entreprise ?
“De notre côté, nous avons tout digitalisé : les bulletins de paie, l’embauche d’un nouveau salarié… pas de papier.
Nous pouvons travailler à distance. Le télétravail est fortement pratiqué chez nous.
Nous utilisons aussi l’intelligence artificielle. Cela aide énormément nos salariés à avancer et à être beaucoup plus productifs.”
Selon vous, quel est le niveau de maturité dans l’Outremer, pour la digitalisation des ressources humaines ?
“Plus l’entreprise a une taille importante, plus le dialogue est pertinent. Lorsque l’entreprise est beaucoup plus petite, il nous faut davantage convaincre.”
Quel est l’intérêt pour une entreprise de dématérialiser sa gestion RH et/ou de le déléguer à un prestataire ?
“Le premier argument est écologique, moins de déchets et moins de papier. L’intérêt est économique parce qu’il y a beaucoup plus de productivité, sans aucun problème.
Dématérialiser c’est aussi sécuriser. Mais il faut énormément sécuriser ces systèmes informatiques pour éviter le vol des données. Il faut être conscient des mesures RGPD, parce que ce sont des données personnelles qui sont traitées en matière de ressources humaines. Donc il est hors de question que cela se retrouve sur la place publique.
Donc tous ces éléments-là sont des éléments que comprend un chef d’entreprise.”
Quel est votre regard, sur l’intelligence artificielle du point de vue du dirigeant que vous êtes, mais aussi par rapport au potentiel, et aux risques économiques ou sociaux en Martinique ?
“Selon moi, il n y a pas réellement de risque.
Parce que sur le plan économique, ça permet beaucoup plus de productivité.
En utilisant l’IA, là où il fallait quatre jours pour faire quelque chose, en une journée, ce sera terminé. Ce n’est pas un risque pour les emplois, bien au contraire. Cela va permettre aux salariés d’être beaucoup plus productifs d’une façon générale.
Donc plus vous allez former des personnes à l’outil, plus vous allez rendre votre entreprise productive. Et plus elle devient productive, plus elle va embaucher. «
Est-ce que cette digitalisation, cette numérisation de la gestion RH ne se fait pas, un moment ou un autre, au détriment de la partie humaine ?
“Imaginons : RCI cherche à recruter un nouveau journaliste et s’adresse à une société de recrutement. Cette société va donc lancer un appel à candidature et va se retrouver avec plus d’une centaine de candidats.
Est-ce que vous pensez sincèrement que la personne qui devra lire les 100 CV va faire un travail productif intéressant ?
Grâce à l’intelligence artificielle, vous êtes en mesure de faire une analyse des CV très très rapidement. Et l’IA sélectionnera par exemple 7 CV, sur la centaine que vous avez reçue.
L’aspect humain intervient quand vous recevez ces personnes en entretien.
Et les autres CV sont toujours dans une base et ils peuvent donc servir pour d’autres emplois.”
Michel CORIDON | Président du groupe MCH DOM
Pensez-vous que le télétravail participe à la qualité de vie au travail ?
L’avis de Michel CORIDON
“Il faut discuter avec ses salariés. Même après le Covid, mes équipes étaient en 100% télétravail. Mais quelques mois après, elles ont préféré venir au moins 3 jours en entreprise. »
L’avis d’Éric Nouvel
“Nous avons demandé des retours d’expériences de télétravail, à des entreprises.
Le risque était la déperdition du collectif du travail. Globalement, aujourd’hui, c’est 2 jours de télétravail.
C’est le fait surtout de trouver un bon équilibre pour l’entreprise et pour le salarié.
De plus, le covid à réellement questionné la gestion du management dans les entreprises. La plupart des managers étaient dans le flou pour gérer des équipes.”
Que pensez-vous de l’évolution des entreprises vis-à-vis de la transition digitale ?
L’avis de Michel CORIDON
“Pour moi c ‘est positif. Et il faut vraiment s’intéresser à la transition digitale. Si on ne s’y intéresse pas, il y a un risque économique de perdre son entreprise.
Parce que les jeunes s’y intéressent et ce sont eux qui vont travailler demain dans l’entreprise. Il faut absolument que le chef d’entreprise s’y intéresse de façon à pouvoir échanger avec ses salariés.”
L’avis d’Éric Nouvel
“Il ne faut pas non plus subir la transition digitale. Il faut intégrer une réflexion, et voir après comment on peut en faire usage. Je vais en prendre un exemple.”
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